Dire que GoodPlanet se préoccupe du climat est évident. Nous sommes donc très heureux, au lendemain du sommet climatique de Glasgow, de donner la parole à deux collaborateurs enthousiastes de GoodPlanet : Peter-Paul Vossepoel, militant pour le climat et collaborateur mobilité, et Véronique Siquet, coordinatrice du programme Climat de GoodPlanet, pour expliquer comment GoodPlanet sensibilise au changement climatique et aide à la mise en œuvre d’actions en faveur du climat.

 

Peter-Paul, en 2019, tu as navigué en voilier jusqu’au sommet climatique mais ce voyage a du être écourté ?

Peter-Paul : Oui, c’était un peu une surprise. La COP25, qui devait avoir lieu au Chili, a été déplacée en Espagne alors que nous étions déjà au milieu de l’Atlantique. Cependant, nous en avons profité pour poursuivre nos ateliers et nos discussions sur le climat à bord. En fin de compte, le concept de ‘Sail to the COP‘ – pour la COP26, cette année, ce fut ‘Rail to the COP – reste excellent : embarquer avec un groupe très diversifié de jeunes et d’experts pour travailler ensemble sur des solutions grâce au format ‘Climathon’.

Pour la COP de cette année, nous étions accompagnés d’une délégation de jeunes activistes climatiques de différents pays. Des décideurs politiques et des professionnels étaient également présents, par exemple Frans Timmermans, qui dirige le Green Deal européen pour la Commission européenne, ainsi que des personnes de Prorail et de Transport & Environment. Je m’y suis rendu avec ma famille.


Que penses-tu des résultats du sommet sur le climat ?

Peter-Paul : Ce sommet sur le climat a une fois de plus été marqué par de nombreuses idées mais peu d’actions. Nous sommes toujours sur la voie d’un réchauffement global de trois degrés ! Il est clair qu’en dépit de la grande préoccupation de la société civile – militants pour le climat, citoyens, organisations de lobbying, jeunesse climatique et chefs d’entreprises progressistes – il y a toujours un fossé entre ce que les politiciens et les dirigeants font et ce que beaucoup de gens veulent. Ils sont à la traîne. Pourtant, le rôle des gouvernements est important pour fixer des limites, des lois et des réglementations claires afin d’atteindre l’objectif climatique de 1,5°. Il y a également encore trop d’entreprises et de gouvernements qui ne prennent pas au sérieux les mesures climatiques.

Je compte donc vraiment sur la société civile, les citoyens critiques, les organisations et les entreprises progressistes pour maintenir la pression. C’est là que GoodPlanet a un rôle à jouer : éduquer les enfants et les jeunes afin qu’ils deviennent des citoyens critiques et qu’ils continuent à construire cette transition écologique. Il faut aussi inspirer et aider les entreprises et les gouvernements à mettre en œuvre des stratégies et des actions concrètes en faveur du climat.


Véronique, tu es la coordinatrice du programme climat chez GoodPlanet. Avant d’aborder le programme lui-même, quelle est ta principale motivation pour ce travail ? En quoi le climat te préoccupe-t-il aujourd’hui ?

Véronique : Beaucoup de gens savent qu’il y a un problème, mais pas en détail. Or, pour passer à l’action de manière concrète, ces informations sont nécessaires. Il faut donner du sens au changement et amener les gens à se demander : pourquoi devrais-je manger moins de viande ou faire du vélo plus souvent ? Partager des connaissances sur ce sujet et fournir un contexte pour passer à l’action, c’est ce que je fais.


En quoi consiste exactement le programme Climat ?

Véronique : Nous avons plusieurs ateliers et projets pour les enfants de tous âges, afin de les sensibiliser à la question climatique : les coachs climat, Klimaatket (un personnage futuriste et amusant qui vient d’un futur neutre en carbone), le Conseil climatique des enfants à Saint-Gilles ou le GoodSchool Digitool (un outil pour mesurer l’impact) – pour ne donner que quelques exemples. Actuellement, nous lançons également ‘l’AXA Climate School’ pour les enfants – un format d’atelier qui combine la ‘Fresque du climat’ et les vidéos de l’AXA Climate School.


Existe-t-il des formats spécifiques pour les entreprises et les organisations ?

Véronique : Pour les entreprises, nous avons différents formats de team building axés sur la sensibilisation et la co-création d’actions climatiques : le jeu ‘Fresque du climat’ et l’ ‘AtelierClimat‘, par exemple. Ce dernier vise à impliquer non seulement les cadres et les employés mais aussi les travailleurs dans les stratégies et actions climatiques des organisations (pour plus de détails, voir le témoignage). Je viens d’en faire un chez Infrabel et j’ai été surprise de voir à quel point ils connaissaient déjà le changement climatique. Mais le résultat le plus important de ces sessions pour moi personnellement a été la compréhension commune que chacun peut et doit agir pour lutter contre le changement climatique – à la fois dans la vie privée comme sur le lieu de travail.

Peter-Paul : J’ai introduit la méthodologie de la ‘Fresque du Climat’ chez GoodPlanet et je fais du coaching autour de celle-ci, notamment pour les entreprises. La ‘Fresque du Climat’ est un jeu de cartes en groupes qui dure environ trois heures. Chaque carte montre un aspect lié au climat : causes, conséquences et processus. Chaque groupe doit établir la chaîne de causes à effets sur un tableau. Cela permet de comprendre que c’est une chaine complexe et implique tout le système dans son intégralité. Ensuite, il faut commencer à réfléchir à la manière de briser cette chaîne et collaborer de façon créative pour trouver des solutions. C’est parfait pour le renforcement de l’esprit d’équipe, vous devez vraiment travailler ensemble.


Peter-Paul, tu es également animateur pour BELEXPO – une expo interactive – à Bruxelles, qui a rouvert ses portes en septembre ?

Peter-Paul : En effet. L’exposition porte sur le climat et les villes de demain. À quoi ressemblera cette ville ? Quelles actions pouvons-nous entreprendre ?  Dans l’expo, vous obtenez vraiment des conseils et des idées à appliquer dans la vie quotidienne. C’est une expo très interactive et moderne, avec des supports multimédias et avec plusieurs types d’activités possibles. Elle s’adresse principalement aux écoles et aux familles, mais nous organisons également des sessions pour team buildings.


Le programme Climat se compose donc principalement de projets qui traitent purement du changement climatique, mais n’est-ce pas un thème transversal pour GoodPlanet ?

Véronique : Oui, absolument. Il ne s’agit que de l’un de nos sept programmes thématiques mais les solutions pour lutter contre le changement climatique sont au cœur de tous nos programmes -nature, alimentation, économie circulaire, énergie, eau et mobilité. C’est logique, car la mission de l’organisation est de rendre la transition vers une société durable concrète, réalisable et attrayante.

Mais c’est aussi le rôle du programme climat d’intégrer autant que possible le thème du climat au sein de GoodPlanet dans tous les autres projets.


Dans les projets et les ateliers que vous menez chaque jour, quels sont les facteurs de réussite qui amènent les gens à avoir le déclic pour changer leur comportement ?

Véronique : Les inondations de l’été ont vraiment mis le changement climatique sur la carte pour de nombreux Belges. Je pense qu’il est important de donner aux gens un sentiment d’urgence et en même temps de leur donner envie de changer. L’important, c’est de trouver le bon dosage : si c’est trop urgent, les gens ont peur et abandonnent ; si ce n’est pas urgent, ils n’agissent pas. Et aussi : créer un sentiment de solidarité. Les ateliers, les sessions de groupe et l’échange de connaissances y contribuent largement : les gens commencent à se rendre compte que nous sommes dans le même bateau et que nous devons travailler ensemble pour trouver une solution. Une autre chose importante est de rendre les choses faciles. Si vous en demandez trop, les gens abandonneront. Dans notre approche, nous nous concentrons sur les choses qui sont faciles et peuvent être réalisées immédiatement.


Et la dernière question : pour sauver le climat, de quoi pouvons-nous tirer le plus grand profit, à l’échelle mondiale ?

Véronique : La plupart des émissions de CO2 dans le monde proviennent des centrales électriques au charbon. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire à ce sujet, à part peut-être essayer d’acheter le moins possible de produits ‘Made in China’ très bon marché, car ce type d’énergie est principalement utilisé pour produire ces objets.

Mais l’agriculture vient en deuxième position : 20 % des émissions mondiales proviennent de l’agriculture et 8 % de la déforestation. Ensemble, elles représentent un tiers des émissions mondiales. Quand on sait que 80 % de l’agriculture sert à nourrir des animaux destinés à être mangés, c’est clair : arrêter de manger de la viande a un impact énorme sur les émissions individuelles.


Merci, Peter-Paul et Véronique !


À propos de Peter Paul

Peter-Paul a étudié les sciences de l’environnement à Anvers. Après ses études, il a rejoint les membres de la Critical Mass – un groupe de citoyens ouverts et démocratiques. Faire partie de ce mouvement a été pour Peter Paul un exutoire car il réalisait qu’il pouvait vraiment faire quelque chose, faire la différence. Il a également fondé ‘Zomer Zonder Vliegen‘ (« un été sans avion »), un groupe d’action et une campagne visant à réduire les émissions du secteur aérien, et bien sûr, avec GoodPlanet, en tant que coach en matière de climat et de mobilité.


À propos de Véronique

Après un master en sciences psychologiques, Véronique a commencé sa carrière comme consultante en RH dans une PME, où elle a accompagné des processus de changement.  Cela ne correspondait pas tout à fait à ses valeurs. C’est pourquoi après quelques années, elle est passée au secteur non marchand, à savoir l’association Pro Velo, où elle a coordonné des projets pour les entreprises pendant sept ans. Il y a quelques années, elle a rejoint GoodPlanet en tant que coach en matière de durabilité et responsable de projets de mobilité. Elle est aujourd’hui coordinatrice du programme Climat de GoodPlanet. Véronique est convaincue que la sensibilisation et l’éducation ont un rôle essentiel à jouer dans le changement de nos habitudes et dans la transition vers une société à faible émission de carbone.